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08/12/2008

Dans les yeux des poissons

 

Ils inventent la trame, ils supposent que n’importe quelle romance pourrait faire l’affaire, que le début du récit ressemblerait à s’y méprendre à n’importe quelle faille, un œil s’ouvre sur les jambes du monde, le sang coule bleu ou jaune, promis à tomber sur le sol ou à emprunter les voies du flacon, ils inventent la suite, n’importe quelle suite pourrait faire l’affaire, tenter de saisir les parois du bocal et secouer l’emboîtement du liquide, la surface du verre dit-on miroite autre chose. Ils cherchent un dénouement dans les yeux des poissons, ils cherchent le globe infime, l’origine du globe, une communion des espèces et même des optiques, même dans les trous noirs ils trouvent autre chose, la saillie des niveaux, l’imbrication des lignes, magnifiques bocaux dans les yeux des poissons.

 

 

Pour Gaudinis

14:56 Publié dans textes inédits | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : yeux, globe, bocal, trou, noir

04/12/2008

L'assèchement d'une passante

Nous contrôlons toutes les lignes dont nous disposons sur nous-mêmes. La ligne est courbe, ou carrée, hachurée de ruptures ou de révélations, la ligne est souple, double, multiforme, obstruée de crevasses ou pendue pour sécher, la ligne mue et rayonne là où le festin bas se vide. La ligne dodue est assise là où sèche un dernier verre, là où trône un dernier invité cuit à point.

L’assèchement d’une passante, nous étions là derrière la ligne prêts à bondir, les traces blanches d’une passante nous étions là, le cours moelleux, le sort gluant, l’embourbement d’une passante nous étions affalés sur un tas de lignes. Ce n’était pas une ligne de lecture ni un continuum mais trente grues grinçantes penchées, le tiroir qui s’ouvre sur des oiseaux en robes, les yeux qui se ferment sur des obus chanteurs et leur roucoulement. La passante plane sur des lignes affolées, nous étoilons ses fragments.

La ligne réfléchit dit-on, sur les limites de la ligne dit-on, sur sa force autistique. Ouvrir ou fermer des tiroirs des fontaines ou des veines à quoi bon dit-on, à quel prix.

 

22/10/2008

Séquelles ferroviaires

 

La Nef des fous comme nous parle en train. Elle écarte ses babioles et un filet de frein s’en échappe. C’est un sifflet grincheux, mais tout attachant, somme toute. Et c’est coulant à la fois.

 

L’excroissance rumine et chapeaute la tôle.

Et le défilé chaperonne.

 

Les abeilles vont bon train, entre les mûres et les banquettes, tétines d’ailes entre tes doigts.

Gentille petite nef, nous venons de dépasser la zone aux framboises, nous couvrons les rails de pétales et de pétoncles, petite cotte de mailles, dors-tu ?

Toute la nuit nous avons battu le gravier et la forge, c’était délicieux, les tuiles peluchaient ! Nous avons mis des tas de planches derrière ton dos, sais-tu ? Nous les avons saupoudrées de croches et au matin, on aurait dit comme un pépin, comme un nodule de ferraille sur une toile de suie !

 

Au four.

Nous n’avons jamais été aussi nombreux au fond. Avec des lasagnes de clowns, les uns contre les autres, nous sommes de la pyramide !

 

Je suis derrière toute cette pyramide et la Nef baigne sous la grotte de mon tablier. Elle gratte les cerises accrochées et se teinte les dents de lait parme. Elle attache ses bretelles cubiques, rase les torchons, ses crottes bottées gémissent sous les roues du cadran. Avec les pis du peigne elle crâne ses lèvres, elle plante contre un mur de seigle ses douves de plomb.

Un rubis plat s’est posé sur la banquise, nous attendons le coup de sifflet, les boulons de nos dos frissonnent, le siège est strident.

 

 

 

Lise N.

depuis "La Nef des fous - excroissance deuxième"

composée par Gaë Bolg

pour le soixantième anniversaire de l'ONCF