Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

30/12/2013

Un ami imaginaire

Aujourd'hui je commence enfin à descendre. Avant, ce n'était qu'une idée. Hier, j'ai appris la mort d'un ami, mais je n'ai vu ni son corps, ni ses cendres. J'ai appris que ses cendres avaient été répandues quelque part dans le nord. Je ne suis pas tout à fait sûre que ses cendres soient bien les siennes, mais je vois bien mes cernes à moi. Je suis cernée par ses cendres, par l'idée que ses cendres ne seraient pas vraiment les siennes. Je n'avais jamais vu mes cernes sous cet angle-là. De cet ami à moi, de ses cendres à mes cendres, je commence enfin à comprendre.

 

 

06/11/2013

Ordre du monde et sons abscons

Je parle seule sans un mot. Je sors de la maison, les chats miaulent et me sautent dessus, les chiens viennent me renifler, je parle seule de la lucidité du corps propre au sens figuré au milieu de ces animaux, je rumine tellement que toute la forêt aux alentours est structurée, architecturée, comme l’univers dans son ensemble, n’importe quelle situation même la plus remuante est diablement structurée, c’est pour cela que j’ai écrit le traitement amoureux, sorte de fractale au goût de médicament, camisole chimique, carrés blancs que je rumine à voix haute en avançant entre les poteaux absolument symétriques. Je vocalise sans mot pour donner du sens à cette architecture diablement structurée, c’est la façon la plus vraie de se situer face à l’absence de chaos, s’il est des mots pour désigner le désordre des choses, il est des sons abscons pour désigner l’ordre du monde. Je n’écrirais plus rien d’autre que des sons abscons, il n’y a plus rien d’autre à écrire que des sons abscons, il n’y a plus rien d’autre à dire que de vocaliser comme des animaux, j’ai commencé à écrire des sons abscons et là, ce texte, ce sont des sons abscons, vraiment, cette phrase est un son abscons, et quand vous lisez ceci est un son abscons c’est que l’ordre du monde se fait très pesant.

19/10/2013

La première fois que j'ai vu ta tête et ce regard vide qui vibrait comme les yeux d'un insecte, j'ai senti qu'il y avait matière à trouver du tourbillon

Nous avons beaucoup en commun toi et moi, nous n'avons pas les mêmes mots, ni les mêmes idées, mais nous avons en commun ce même tourbillon d'idées qui nous happe et nous met en transe, le contenu des idées n'est pas vraiment important puisque se sont toujours les mêmes, les mêmes que nous ressassons depuis des années, par contre, ce qui est intéressant, ce qui est commun à nous, c'est le mouvement que provoque leur ressassement. 

Je me demandais si tu avais un jour été pris dans le tourbillon d'un autre, provoqué par un je-ne sais-quoi peu importe, un tourbillon qui te serais tombé dessus sans que tu ne l'ais provoqué, mais tu étais là à ce moment-là, pris dans ce bouillon, dans ce tourbillon. Et depuis, tu ne peux véritablement prendre ton envol ou ton pied que quand le tourbillon de tes idées rassies et ressassées surgit à nouveau. Ce ne sont pas les idées en elles-mêmes qui t'emportent mais la ronde folle de ces idées, alors tu te revois planer au-dessus du tourbillon de l'autre tout en étant pris dedans.

Avec ce tourbillon qui nous est tombé dessus, nous ne serons plus jamais les mêmes, tu seras toujours en quête d'un tourbillon chez l'autre et surtout d'un tourbillon chez moi. Tu cherches ce tourbillon partout, tu cherches à le provoquer, mais moi aussi je cherche à provoquer chez toi ce tourbillon d'idées, je ne cherche pas à provoquer de nouvelles idées peu importe, ce qui m'importe c'est de me retrouver séquestrée dans ton tourbillon et suffisamment étourdie pour planer au-dessus, je cherche à me diviser, comme toi je regarde dans le vide et je me divise, regarde, nous sommes tous les deux ensemble en train de regarder dans le vide tout en étant pris dans le tourbillon respectif d'un troisième luron.

Les cerveaux lents d'un troisième luron.