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09/09/2007

RE : RE : RE : RE : Bien bas, Lise (suite)

Les ailleurs relèvent leurs voiles et les draps inondés se rétractent.

 

On essore le tout, anéantissant d’abord la lueur mélodique, puis on aplatit sans hésiter le pigment enfantin, puis on retrousse finalement l’espace en entier.

 

Des rivières d’accordéons s’échappent du vide, des vagues dramatiques.      

 

Il fut d’abord un geste moite et maladroit, il fut d’abord cerné de molles opacités, il fut ensuite aussi fondant que jaune, il fit de là quelques tristes apnées, il fut le lourd goûteux du ralenti, il fit de lui le merveilleux inquiet. C’est un récif qu’aucun d’entre nous ne se plaît à entendre. C’est un conte tortu qui fait rentrer nos têtes.

 

Il fait sortir la fièvre de son corps. Il se voit allongé comme dans un sous-marin. Il se voit d’au-dessus en bloc rigide et froid. Il se voit en dessous saignant, déchiqueté. Ils ne sont pas vraiment deux l’un au-dessous de l’autre. Les restes de leurs faces transpirent à grosses gouttes. Leurs intestins planent et se déroulent, en toute grâce.     

 

L'humeur stérile repose sur ses petits

 

 

Comme nous tu glisses de la jungle à l’acier, comme si tu savonnais tes propres os avec des lianes et des barres, comme si tu te levais la nuit pour marcher sur des petits singes ou pour parler à la lune immobile, mais là n’est pas ce qui nous lie, là n’est pas ce qui nous assemble, là tu pousses ce qui te gouverne à se déployer au-delà de nous, là tu racles seul des forêts emmêlées de nos bruits qui s’effacent, nous nos appeaux passent bien au-dessus de tes nuages, ils remontent jusqu’à la lune et la traversent sans y laisser un souffle, sans en saisir le moindre signe de toi, nous nos jongleries s’affaissent, une à une elles glissent et tes doigts se déforment. Petit primate allongé tu ne sais plus comment te servir de tes pinces. Petit primate allongé tu perles à sec et nous allaitons sans bruit au-dessus de toi.

 

04/03/2007

La dame sourit l'oiseau gris

medium_masques_Lise_N.jpgLa dame sourit l'oiseau gris (Partie 1)


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La dame sourit l'oiseau gris (Partie 2)


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L’oiseau gris, sous le pont, picorait un pantalon qui traînait au milieu des cartons et des bouteilles vides. Les bateaux sur le fleuve dansaient en zigzag, comme des mouches au fond d’une bassine. Sur la berge une dame se palmait le visage en tirant sur son nez et son front. Sous sa robe des mains moites se promenaient et des huîtres entre ses jambes happaient l’air. La dame sourit la maussade sourit la limace sourit la malice sourit la grimace sourit la vorace sourit

L’oiseau gris, sous la pluie, cherchait à briser l’angle de la berge qui se resserrait autour de lui. Le fleuve se bardait de cercles rouges et devant la mairie, il y avait une croix, autour de laquelle une dizaine de curieux bien endimanchés s’étaient réunis. Il haussa ses épaules et secoua ses ailes, l’air dégoûté. Il entendit au loin trente coups de canons, il reconnu qu’il y en avait des gros et des petits. Les hurlements de joie qui lui parvenaient firent froncer sa salive. Il avala d’un coup des petits gâteaux secs, des dragées, des petits pots douteux, des gravats, des petits plombs d’acier, des crachats, des petits crans d’arrêt. Puis, il étendit ses jambes vers le large, fatigué.    

La dame-souris, sous le pont, déshabille son mari. Elle le tient fermement par la taille tout en débouclant  sa ceinture. La tête du mari dodeline vaguement au rythme de son empressement. Elle le plie sur son dos et ses bras retournés tirent le bas de son pantalon, qui tombe sur le sol, comme une truite tomberait dans le bac d’un congélateur. Elle caresse les poils rabougris du mari, tire gentiment ses moustaches avec ses dents, elle parcourt son torse, son dos, tout son corps, elle cherche une cavité, elle cherche une tranchée, elle veut mais elle n’en trouve pas.

(...) 

Lise N. : Texte, lecture, chant, rythmes, banjo, flûte, mains, scie.