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09/09/2007

RE : RE : RE : RE : Bien bas, Lise (suite)

Les ailleurs relèvent leurs voiles et les draps inondés se rétractent.

 

On essore le tout, anéantissant d’abord la lueur mélodique, puis on aplatit sans hésiter le pigment enfantin, puis on retrousse finalement l’espace en entier.

 

Des rivières d’accordéons s’échappent du vide, des vagues dramatiques.      

 

Il fut d’abord un geste moite et maladroit, il fut d’abord cerné de molles opacités, il fut ensuite aussi fondant que jaune, il fit de là quelques tristes apnées, il fut le lourd goûteux du ralenti, il fit de lui le merveilleux inquiet. C’est un récif qu’aucun d’entre nous ne se plaît à entendre. C’est un conte tortu qui fait rentrer nos têtes.

 

Il fait sortir la fièvre de son corps. Il se voit allongé comme dans un sous-marin. Il se voit d’au-dessus en bloc rigide et froid. Il se voit en dessous saignant, déchiqueté. Ils ne sont pas vraiment deux l’un au-dessous de l’autre. Les restes de leurs faces transpirent à grosses gouttes. Leurs intestins planent et se déroulent, en toute grâce.     

 

06/08/2007

RE : RE : RE : RE : bien bas, Lise

Maintenant le jour ne transpire plus comme avant. Il gomme toute tentative d'échappée. Il rebouche les pores des ruelles, il comprime les traits humides des stores. Le jour éjecte les talons frileux et fait glisser les passants empêtrés loin de chez nous. Dans sa course il trace des lignes qui ne supportent pas la moindre hésitation. Le jour ne s'éteint pas. Il appelle à choisir entre la rive droite et la rive gauche, puis il aplatit tout ce qui circule entre les deux. Les lignes ne s'arrêteront plus. Les autobus rouleront à travers les arbres et tu te tiendras bien debout, les jambes écartées, fasciné par ces trajectoires de l'instant, avec la peur qui te regarde.


C'est un comptoir surexposé. Des photos jaillissent entre les verres, pointant leurs lames accusatrices, car personne ici ne se connaît vraiment. Ce qui ne nous empêche pas, entre deux ou trois verres, de nous souvenir de l'un d'entre nous. De le reconnaître à sa course, à son essoufflement, car il siffle de la même façon que nous. Nous cracherons alors ensemble, nous nous collerons les uns aux autres et nos doigts s'emmêleront, nos yeux grossiront sous les verres. Le serveur s'approche et nous filme car il sait que bientôt, en toute apesanteur, nous allons disparaître à jamais.


Progressivement les chiens ont fait leurs cabanes. Ils ont d'abord arraché les planches des pancartes puis, les uns derrière les autres, se sont amusés à faire courir le bois sur toute la surface du globe.


Cela jappait beaucoup à ce moment-là. Des craquements tombaient par hasard sur des pans de nos cervelles inhabitées. Je me tordais au coin de tes lèvres, contre des angles qui fronçaient l'étable, qui creusaient des terriers de chambres en chambres, respirant d'autres draps, captant d'autres craquements, d'autres grimaces. Je regardais ta carapace adossée à une autre carapace, blocs immobiles à la symétrie impeccable, je me lavais longtemps dans cet espace, épongeant les dos à dos, le temps rétrécit de la menace, le filet de freins des peaux qui s'éloignent.


Cela jappait beaucoup cette nuit-là, entre toi et moi. Des insectes croustillants habitaient nos pelages et nous les dévorions avec délectation. Nous étions là avec nos ventres pleins de mandibules, déambulant d'une chambre à l'autre, mélangeant nos souffles acides à d'étranges manèges à trois.


Maintenant le jour ne transpire plus. Il gomme toute tentative d'échappée. Il rebouche les pores des ruelles, il comprime les traits humides des stores. Les lignes ne s'arrêteront plus. Les autobus rouleront à travers les arbres et tu te tiendras bien debout, les jambes écartées, fasciné par ces trajectoires de l'instant, avec la peur qui te regarde.