10/06/2025
La plus-que-femme
La plus-que-femme porte un voile. Un voile si doux qu’il ondule l’air avec des pétales rouges. Des formes lui dessinent le visage, les yeux, les lèvres, l’arête du nez, chaque parcelle de sa peau. La plus-que-femme est sans âge. Lorsqu’elle est plus-que-vieillarde elle craquèle et révèle l’intégralité de son paysage luisant. Il n’y a pas la moindre parcelle de mother destruction en elle, pas la moindre intention obscure puisqu’elle ne vit en réalité que pour elle-même, dans son immensité cramoisie. Même entourée de ruines, même lorsqu’elle tient dans ses bras un cadavre de nourrisson, toutes ses larmes conservent le goût d’une sexualité débordante. Ce n’est pas elle qui a tué le nourrisson, ce n’est pas elle qui a détruit la cité, elle ne fait que constater ce désastre qui ne l’empêche pas d’exister. La plus-que-gamine déborde en elle aussi, avec son parfum de tomate fendue et ses guiboles prépubères, les mêmes pieds nus qui s’impriment sur la surface osseuse. Ce n’est pas l’homme qui a fait sortir la plus-que-femme d’elle-même. J’aurais pu le croire lorsque l’homme m’a dit qu’il me révèlerait à moi-même, j’y ai cru et j’ai attendu, parfois longtemps, si longtemps que j’en ai eu l'envie de pisser. J’ai attendu parce que j’ai senti s’ouvrir ma poitrine lorsque l’homme me parlait et alors j’ai pensé que c’était son travail que d’ouvrir cette cage. Puis lorsque l’homme est reparti dans la vraie vie j’étais triste de ce projet avorté, la plus-que-femme ne sortira jamais je me suis dit en retombant dans cet état de moins-que-femme qui est le sort réservé à celles de mon espèce. Non, en vérité la plus-que-femme n’émane pas de l’homme mais du travail d’une vie sans homme et sans femme, une vie qui se veut toujours plus débordante, luxuriante, oh non je n’utiliserai pas le terme de bandante vous me voyez venir, vous me voyez venir avec ce mot qui désigne une certaine véracité, non moi dire que la plus-que-femme est bandante cela sonnerait faux et je sais faire la différence, je connais mes contemporains et je sais ce qui les fait bander, je sais aussi ce qui me fait bander moi, c’est souvent la même chose d’ailleurs que mes contemporains, nous bandons souvent ensemble par anticipation. Mais la plus-que-femme c’est autre chose, c'est de l’égotisme brut, un geste sans rapport, une vie qui ne vaut que pour elle-même dans ses moments d’ouverture et de fermeture et peu importe la mort.
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22/05/2025
Ce cor est moins que cela
la laie la table la chasse le cœur de l’âne exponentiel qui dit châsse au sol avec son judas c’est bien l’heure de l’ânesse elle bègue un son il est bon dit le pape de se rapprocher du son ânonné de bêcher ramasser la molaire et toc la buée sur son double foyer annule ce cor : c’est déjà l’heure de la vaisselle
14:46 Publié dans textes inédits | Lien permanent | Commentaires (0)
15/05/2025
Je vais continuer (message au poucet)
Ce n'est pas facile de continuer quand on réalise que ce qui nous pousse ne sont que des mots inventés. C'est un travail épuisant et démoralisant que de devenir sa propre invention. Parfois on imagine que c'est cela qui va nous rapprocher de l'autre mais c'est du monstrueux en soi que l'on finit toujours par trouver à force de creuser : celle qui boite, la grande bossue, une laie et ses petits. C'est vrai que l'on aimerait bien que ce soit l'autre qui
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