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28/05/2013

La magie n'est rien d'autre que du travail domestique

Je regarde mes petits copains, ils ont grandi dans leurs obsessions, avec leurs carnets, leurs gribouillis, leurs guiboles pleines de bleus, ils ont grandi auprès d'un public grave et hilare où le proche, l'inconnu, le merveilleux et l'abject tendent à se confondre.

Et moi, pendant ce temps, je me suis aplatie.

Je me suis aplanie, juste une pâte dont on étale les fronces à grand renfort de rouleau à pâtisserie, je me suis aplanie sur la table en bois, dans le lit. Je regarde, vision circulaire, mon univers mesure trois millimètres de hauteur et trente centimètres de large, c'est un cercle parfait. Je touche, et je ne touche que moi, lisse opaque qui tient bien aux choses du quotidien, j'adhère parfaitement à la surface des choses du quotidien, bois, air, sueur, air, tranchée. Aucun bruit, aucun rire ne vient rompre ce ronron assomant. Chaque jour, je m'aplatis un peu plus, j'embrasse les choses les plus basses, sans public, dans la magie du quotidien, à la grande surface du coin, tu verras. 

07/05/2013

Homme d'acier pour troupeau de femmes endormies

Dans ma tribu endormie il y a trois femmes et je suis entourée de femmes de partout, des femmes, des femmes, des femmes et pas un seul homme, pourtant, ce serait bien un homme au milieu de toutes ces femmes, cela donnerait du relief, un peu de tension autre, un mouvement dans ce troupeau de femmes avec leurs règles qui tombent le même jour, avec leur engourdissement, aucun moyen de sortir de cette coalition, pourtant, on aimerait bien qu'un jour un homme vienne aérer tout ça avec ses yeux d'acier, avec son cou large et glacé, avec son indifférence, qu'il vienne nous séparer, il nous mettrait chacune dans une chambre et il y aurait un dérèglement hormonal généralisé, il ne faut pas grand chose, trois fois rien, pour contrer l'enlisement. 

Plus de coagulation avec un homme, un homme d'acier, imperturbable, impénétrable, imperméable.

Une statue dans la maison, une statue de cet homme immobile, pour nous séparer.

Une statue en acier de cet homme sans nombril et sans trou et dont le regard n'exprime rien d'autre que grâce et férocité.

Pour séparer toutes les générations de femmes avec leurs règles qui tombent le même jour, même quand les plus vieilles sont mortes. Pour séparer les vieilles des jeunes, les vivantes des mortes, les obéissantes des courageuses. De la neige carbonique pour nous frotter à tour de rôle dans les chambres, isolées les unes des autres, jusqu'à en disparaître.


 

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